Ce n’est un secret pour personne : nous avons souvent du mal à tenir nos bonnes résolutions dans la durée. Pourquoi ? Parce que nous sommes persuadés que la compréhension est suffisante. Nous croyons que du moment que nous avons compris le bien-fondé d’un changement, nous allons naturellement le mettre en œuvre.
Or, comprendre n’est pas une motivation suffisante pour changer. Demandez aux fumeurs qui savent pertinemment qu’ils se détruisent la santé ! Ou aux personnes qui se nourrissent de manière malsaine. Toutes sont conscientes qu’elles devraient modifier leurs comportements et connaissent les bénéfices qu’elles toucheraient, mais ce n’est pas suffisant. Pensez également aux changements nécessaires pour freiner le réchauffement climatique. Nous avons conscience qu’il faut agir, mais qui le fait vraiment ? A mon expérience, les gens utilisent plutôt leur intelligence pour justifier ce qu’elles font et se donner bonne conscience. Pour changer, il est nécessaire d’en percevoir concrètement des avantages : il est nécessaire que les inconvénients du statu quo surpassent ses bénéfices. A l’image du sport où l’on ne change pas une équipe qui gagne, nous ne changeons généralement pas un comportement qui gagne.
Notre cerveau recherche la gratification
Nous modifions nos comportements lorsque leurs conséquences deviennent suffisamment désagréables. Notre cerveau recherche la gratification et tant qu’il l’obtient, il continue à faire ce qui est susceptible de la produire. Les psychologues appellent ce mécanisme : loi de l’effet. Tout comportement qui a un effet (positif) voit sa probabilité d’être reproduit augmenter. Mais quand les conséquences de nos actes deviennent coûteuses, alors nous changeons.
Le secret du changement
Le secret du changement, ce n’est donc pas d’analyser et comprendre les bonnes raisons qu’il y a à modifier les agissements, mais de percevoir des conséquences positives à le faire. Ainsi, lorsque nous observons, chez nous-mêmes ou chez autrui, une réticence à changer, un statu quo comportemental, intéressons-nous aux conséquences directes des actions posées. Le plus souvent, nous pouvons y déceler davantage de bénéfices à court terme que d’inconvénients. C’est en renversant cet équilibre que nous pouvons favoriser le changement.
Exemple : une adolescente laisse systématiquement traîner son sac de football lorsqu’elle rentre de l’entraînement. Son père s’en plaint et lui demande de façon insistante, semaine après semaine, de sortir ses vêtements humides pour les placer sur l’étendoir. Sans succès. La raison en est simple : ce comportement demande un effort et il n’est pas agréable de plonger ses mains dans des habits sales, humides et malodorants. Autant que quelqu’un d’autre s’en charge ! Lorsque la semaine suivante elle retrouve ses affaires de sport fraîchement lavées dans l’armoire, c’est une conséquence agréable, ce qui renforce le comportement d’abandonner son sac dans un coin de l’appartement et de laisser son père s’en occuper. Celui-ci a beau dire, répéter, demander, supplier, menacer… rien n’y fait. Car tout ça n’est que paroles… qui ne font pas le poids en regard des conséquences agréables.
Responsabiliser
Comment faire pour que les choses changent ? Responsabiliser la jeune fille ! Plus concrètement, la laisser assumer les conséquences de ses agissements. Ses effets de sport ne seront pas touchés, donc pas lavés : il est extrêmement désagréable de devoir enfiler un maillot sale et puant la transpiration. Le père doit donc se désintéresser du sac de sa fille. Pour lui, la tentation est grande de rendre la fille attentive à ce qui est en train de se passer, c’est-à-dire d’essayer de lui faire comprendre que c’est à elle de s’occuper de ses affaires. Tentant, mais inutile ! Il l’a déjà répété des centaines de fois, sans succès. Un avertissement de plus ne pourrait que le décrédibiliser davantage.
Le père doit donc se faire violence et ne pas toucher au sac malgré sa conscience exacerbée de ce qui va arriver. Et attendre. La semaine suivante, la fille, ne trouvant pas ses effets propres dans l’armoire, va interpeller le père, qui se contera de lui rappeler la règle : « si je trouve tes affaires sur l’étendoir, je les lave, sinon, je ne les touche pas ». A ce moment, l’adolescente se rend compte du problème et est contrainte d’enfiler le maillot sale, tous ses cris, protestations, et effusions de mauvaise humeur n’y changeant rien. Il y a fort à parier que c’est la dernière fois qu’elle se comporte ainsi.
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Docteur en sciences naturelles
Professeur de psychologie au Collège St-Michel à Fribourg (niveau pré-universitaire)
Auteur (plus de 50 ouvrages) : la psychologie positive et le bonheur, le fonctionnement du cerveau et de l’esprit (sciences cognitives), la communication et ses aspects obscurs (mensonges, manipulation, etc.), les relations de couple et l’intimité.